Révoltes en orient, et en Chine ?

Publié le par Chinoiseries

En quelques semaines, 2 régimes hors d'âges sont tombés au Maghreb et les manifestations se sont étendues du Maroc à l'Iran. Pour l'instant ces mouvements de protestation semblent confinés aux pays arabes (encore que l'Iran n'en soit pas un). Mais des régimes apparemment aussi stables et aussi bien établis ont été frappés si vite, des peuples aussi longtemps opprimés sont sortis de la résignation avec une telle force qu'on se prend à réver d'un printemps 2011 qui, comme ceux de 1989 ou de 1848, franchirait toutes les frontières, même culturelles.

Dans cette perspective, parce qu'elle est la plus grande et la puissance dictature au monde mais aussi parce que le mouvement égyptien par certains aspects (manifestations massives contre la corruption, occupation de la place principale de la capitale, ambiguïté de l'armée...) a ressemblé à celui de Tiananamen en 1989, la question de la Chine commence à être sur toutes les lèvres.

 

Y compris chez les autorités chinoises. Signe de ce malaise : leur réaction spontanée a été de censurer toutes les informations en provenance du Caire. Et une fois que la censure a été emportée par l'ampleur et le succès du mouvement, la presse officielle, obligée d'évoquer le sujet, l'a fait sous forme de mise en garde. Ainsi l'éditorial du China Daily, journal officiel anglophone, appelle a rétablir la stabilité de l'Egypte où les manifestations "ont semé le chaos et paralysé la vie quotidienne de la population" faute de quoi la situation deviendrait "cauchemardesque pour les 80 millions d'égyptiens mais aussi périlleuse pour la pays et la stabilité régionale". Bel enthousiasme...

 

La situation chinoise est loin d'être comparable à celle de la Tunisie ou de l'Egypte. Trois points au moins diffèrent :

1. Il n'y a pas en Chine d'autocrate indéboulonnable qui focalise le ressentiment de la population, le régime chinois est la dictature d'un parti pas d'un homme.
2. Les pays arabes qui ont renversé leurs régimes étaient, par habitant, plus riches que la Chine et il n'ai pas évident que les inégalités y aient été plus fortes mais la croissance rapide de l'économie chinoise crée assez d'espoir pour contrebalancer au moins temporairement les insatisfactions.
3. Les révolutions arabes sont aussi des chocs démographiques : tous les pays concernés ont une jeunesse massive. Ainsi, la moitié de la population égyptienne ou Lybienne a moins de 24 ans alors qu'en Chine l'âge médian est 35 ans, un chiffre comparable à celui des Etats-Unis par exemple. La Chine est un pays relativement agé, et surtout vieillissant.

Cependant la prudence des autorités chinoises se justifie. Il est évident que les révoltes arabes auront un effet d'entrainement : il y aura en Chine des tentative pour les imiter, il y en a d'ailleurs déjà. Que deviendront-elles ? Il est difficile de le dire tant le monde change vite ces jours-ci.

 

Une chose est d'ores-et-déjà certaine, les révolutions tunisienne et égyptienne portent un coup à l'autorité politique et morale de la Chine. Elles montrent combien est fragile le "consensus de Pékin" selon lequel le développement économique est plus important que le progrès politique et social et bousculent le relativisme cher au gouvernement chinois, selon lequel la démocratie et les droits de l'homme auraient été inventés par les occidentaux pour les occidentaux,

 

Mais encore faut-il que les mouvements actuels engendrent de réels progrès. Sans quoi le China Daily et les porte-paroles de toutes les dictatures du monde pourraient triompher sur le thème "le statu quo ou le chaos". Les États-Unis ont manifestement pris la mesure de cet enjeux, l'Europe pas encore.

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<br /> <br /> Et la France n'existe déjà plus : http://lemde.fr/gxEVdo<br /> <br /> <br /> <br />
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